Last updated on 26 octobre 2024
La photographie argentique, une passion durable ?
Depuis que je me suis replongé dans la photographie argentique, une question revient souvent : quel est son impact écologique ? Ce retour aux techniques traditionnelles, bien qu’envoûtant, comporte une part d’ombre : les pellicules, les produits de développement et même le stockage des images numérisées ont des effets environnementaux non négligeables. La photographie numérique a également ses propres impacts. Entre l’argentique et le numérique, quelle pratique est la plus responsable, et comment réduire notre empreinte écologique dans les deux cas ?
Les éléments polluants de l’argentique
Le film argentique, en noir et blanc comme en couleur, intègre plusieurs composants polluants. La pellicule elle-même est un support plastique (triacétate de cellulose) qui intègre des halogénures d’argent (souvent du bromure d’argent) pour la sensibilité à la lumière. En photographie couleur, trois couches de colorants supplémentaires sont ajoutées pour capter les différentes longueurs d’onde (bleu, vert et rouge), augmentant l’utilisation de produits chimiques.
Les produits chimiques nécessaires au développement constituent une autre source importante de pollution :
- Noir et blanc : Les révélateurs contiennent souvent de l’hydroquinone, une substance toxique pour les écosystèmes, et les fixateurs contiennent du thiosulfate de sodium, ce qui les rend polluants pour les eaux et la faune.
- Couleur : Le développement des films couleur repose principalement sur deux procédés : le C-41, pour les films négatifs, et le E-6, pour les films diapositives (positifs). Le processus C-41, le plus courant, nécessite des produits chimiques spécifiques pour créer un négatif qui sera inversé au tirage ou au scan. En revanche, le processus E-6 permet d’obtenir une image positive directement sur le film, idéale pour la projection. Ces deux procédés impliquent une série de bains chimiques complexes et polluants qui peuvent se révéler toxiques s’ils ne sont pas soigneusement neutralisés et recyclés. (Pour info, la couleur sensible au bleue se colorera en jaune, la couleur sensible au vert en magenta, la couleur sensible au rouge en Cyan… c’est pour cela que quand on regarde un négatif… c’est bizarre 🙂 )
Mes pratiques pour une argentique plus durable
Pour atténuer l’impact environnemental de mes photographies argentiques, j’ai adopté des pratiques alternatives plus respectueuses de l’environnement :
- Développement noir et blanc au Cafenol : Cette recette utilise des ingrédients écologiques comme le café, la vitamine C et le carbonate de sodium. Bien que le fixateur reste chimique, je veille à le recycler dans des centres spécialisés.
- Développement couleur chez des professionnels : Plutôt que de développer mes films couleur à domicile, je fais appel à des spécialistes équipés de machines et de systèmes de recyclage avancés. Cela me coûte un peu plus cher et enlève une part de magie au processus, mais c’est nécessaire.
- Numérisation des négatifs : Plutôt que de réaliser des tirages, je scanne mes négatifs pour éviter l’utilisation de produits chimiques supplémentaires.
- Recyclage des produits chimiques: Ne jeter pas vos produits chimiques dans le lavabo ou les toilettes! Apportez-le soit dans des centres de traitements.
Alternatives écologiques en argentique
Pour les photographes souhaitant aller plus loin dans la réduction de leur impact environnemental, plusieurs alternatives et innovations émergent :
- Films écologiques : L’Adox XT-3 est un révélateur écologique en poudre pour film argentique noir et blanc, un classique de chez Adox. Il est comparable au X-Tol de chez Kodak. En effet, comme ce dernier il est composé à base d’acide ascorbique, il est fabriqué sans hydroquinone et acide borique ce qui en fait un révélateur « écologique »
- Recyclage des sels d’argent : Certaines entreprises récupèrent les sels d’argent des fixateurs usagés pour les recycler. Cette option est encore peu accessible pour les particuliers… Mais pourrait se démocratiser avec la demande croissante.
Initiatives communautaires et pratiques collaboratives
Au-delà des produits, des initiatives communautaires permettent de pratiquer l’argentique de manière plus durable :
- Échange de produits de développement : Les photographes se regroupent pour partager les produits chimiques et les utiliser au maximum, limitant ainsi le gaspillage.
- Laboratoires collaboratifs : Dans certaines villes, des laboratoires argentiques collectifs se sont équipés de systèmes de filtration d’eaux usées et offrent aux photographes un espace pour développer leurs films sans polluer.
- Réemploi et réparation d’appareils : Les appareils anciens peuvent être remis en état ou modifiés pour éviter l’achat de nouveaux équipements. De nombreux passionnés promeuvent cette pratique d’économie circulaire en redonnant vie aux appareils vintage.
Comparaison avec la photographie numérique
La photographie numérique est souvent perçue comme plus « propre », mais elle n’est pas sans impacts :
- Les matériaux rares : La fabrication des capteurs et composants électroniques nécessite des substances comme l’arsenic, le phosphore et l’indium, qui sont loin d’être recyclables et dont l’extraction est polluante.
- Renouvellement rapide des appareils : La course aux nouveaux modèles engendre un rythme de renouvellement rapide, générant des déchets électroniques.
- Stockage et énergie : Les images numériques nécessitent des infrastructures de stockage énergivores. Les centres de données et serveurs de cloud consomment d’énormes quantités d’énergie, et leur multiplication génère une empreinte carbone massive. Il faut admettre que depuis que les photographes scans leurs images, ils sont aussi touchés par ce phénomène…
Actions concrètes pour réduire l’empreinte écologique
Chacune des pratiques photographiques a ses inconvénients écologiques, mais il est possible de réduire notre impact :
- Valoriser chaque prise de vue en argentique en limitant la consommation des pellicules.
- Prendre soin de son matériel pour ne pas céder à la tentation d’acheter les derniers modèles d’appareils numériques.
- Essayer des techniques de développement alternatives et partager les produits de développement pour réduire le gaspillage.
- Privilégier un stockage sélectif : garder uniquement les photos essentielles pour limiter la place occupée sur les disques et cloud.
- Privilégier la réparation de vos appareils: Pour les appareils argentiques, il y a encore de très bons mécaniciens qui sont prêts à redonner vie à vos appareils!
Conclusion
La photographie, qu’elle soit argentique ou numérique, comporte inévitablement un impact environnemental. Cependant, en s’informant et en adoptant des alternatives, il est possible de minimiser cet impact tout en pratiquant un art qui peut sensibiliser à la beauté de la nature et à l’importance de la préserver. À travers des choix responsables, nous pouvons continuer à capturer des images mémorables tout en respectant notre planète que se soit en argentique comme en numérique.
Je vous incite d’ailleurs à lire mon article sur le scanner de films argentique. L’Epson V700-850!
Rappel: Les images sont protégées, elles ne sont pas libres de droits. Merci de respecter les droits d’auteurs! ® All rights reserved (Alain Bovard photographie, Yverdon)
Reminder: Images are protected, they are not free of rights. Thank you to respect the copyright! All rights reserved ® (Alain Bovard Photography, Yverdon)
Merci pour votre article, je me pose les mêmes questions et mes orientations sont les mêmes également, sensibilisés les humains à son environnement.
Je pense que vous plus souvent imprimer mes photos, cela laissera une trace visible rapidement et sans machine.