Mais pourquoi donc l’argentique aujourd’hui!!!

Last updated on 15 novembre 2025

Faire du film aujourd’hui?!?!!?

Mais tu fais quoi Alain, du film aujourd’hui! Pfffouaa! C’est pour te la péter ou quoi!?!? Je ne vois aucun avantage de faire de la photo argentique aujourd’hui! Les appareils numériques font tout aussi bien pour moins cher! Aie aie aie, c’est un effet de mode! Tu reviendras au tout numérique!

Ces genres de remarques sont assez courantes, lorsque l’on fait des images avec des appareils photos argentiques. Beaucoup de personnes ne comprennent pas l’approche du photographe ou de l’amateur vis-à-vis de l’halogénure d’argent.

Je vais essayer de faire passer un message sur mon approche, qui est bien sur personnelle, mais n’est peut-être pas si unique que cela.

La photo numérique est un outil formidable, je l’utilise régulièrement et j’en suis plus que satisfait. Elle a l’avantage d’être ultra flexible. Il n’y a pas de problème de changement de film, l’iso se change d’un coup de bouton. Noir et blanc ou couleurs se choisissent tranquillement à la maison, aussi bien que la température, grâce au format RAW si facile à utiliser. Leurs systèmes récents d’Af et de mesure de la lumière sont aujourd’hui très performant et permettent de sortir des images de bonnes qualités sans recherches trop approfondies.

Mais alors pourquoi l’argentique!? Hé, ben pour tout cela!

Tout ce que je viens de dire sur les avantages du numérique sont aussi, pour moi, ses défauts! Il n’y a plus de recherche! J’ai envie de maîtriser toutes les facettes de l’image, de la recherche de l’endroit qui déterminera le film utilisé, couleur ou noir blanc. Mais aussi de sa sensibilité et du besoin ou non de penser à le pousser. De savoir que je n’ai pas 5000 poses sur mon appareil, mais juste 12! (Voir 24, si je prend deux péloches 🙂 ) Cette restriction s’avère un stimulant pour rechercher la composition la plus sympathique et performante! De savoir que c’est moi qui contrôle l’exposition via ma cellule à main et non un calculateur informatique.  De savoir que c’est moi, qui vais gérer la mise au point de mon appareil et pas un moteur ultrasonique qui se perdra peut-être dans la masse d’information de l’image ou du manque de lumière.

Toute cette partie technique ou chaque chose doit être pensée et repensée me plait. Mais il n’y a pas que cela. Il y a la partie plaisir! Une belle mécanique, le bruit du déclencheur, l’avance du film, la mise en position du film, les réglages manuels et surtout l’attente de développer ses péloches afin de voir enfin ce qui a été révélé sur le film! C’est excitant! Et si vous développez vos films vous même, il y a encore la satisfaction de faire votre chimie vous même! La magie de l’argentique s’opère alors entre vos mains!

Mais, il y a encore le caractère des films se traduisant par leurs grains, gros ou fins, désordonnés ou non. Leurs tons de gris si spécifiques d’un film à l’autre. Choisir une Trix ou une Tmax, une HP5, une Delta, un révélateur au lieu d’un autre! C’est aussi le charme de l’argentique! Quand à sa dynamique, Certains films encaissent des lumières de fou! Il y a encore de la texture dans les piques des courbes de contraste !

Avoir la possibilité de prendre des images avec des moyens formats 6×6, 6×7 ou essayer des 617 est aussi une jolie aventure photographique, dont je ne me lasse pas. C’est aussi ça la magie de l’argentique, avoir accès à des outils inaccessibles en numériques, les moyens format étant extrêmement chers.

(Et je ne parle même pas de l’accès au grand format comme les 4×5 ou 8×10! Qui n’existe simplement pas en numérique dont leur rendu est unique.)

Bref, je pourrais en parler pendant des heures! J’adore le film. Loin de dire que le numérique ne me plait plus, je dirais tout simplement, j’aime les deux approches de la photo. Mais, je ne me verrais plus ne pas faire un film de temps en temps 😉

Je vous incite d’ailleurs à lire mon article sur le scanner de films argentique. L’Epson V700-850!

A bon entendeur!

 Rappel: Les images sont protégées, elles ne sont pas libres de droits. Merci de respecter les droits d’auteurs! ® All rights reserved (Alain Bovard Photographie, Yverdon) 

Alain Écrit par :

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vernhet
vernhet
7 années il y a

« Quand à sa dynamique, on est loin mais encore très loin du numérique!  »
affirmation plus que contestable.

Marcel Ryser
7 années il y a

Bonjour,
De très belles photos! Bravo!
Suis tout à fait d’accord avec vous pour l’attrait du film par rapport au numérique. J’ai recommencé à développer du film après un passage au numérique au début des années 2000… Maintenant (à la retraite), j’ai plus de temps pour développer et scanner mes films. Bonne année 2018 riche en photos !
marcel

Marcel Ryser
7 années il y a

La belle mécanique me passionne aussi. J’ai encore un alpa 11el, un yashica mat 124g, ai racheté un leica m6. Mais malheureusement ai revendu (au début du ‘passage au numérique’) la plupart de mon matériel argentique… rolleiflex, leica m5, pentax 67, rollei 35… je regrette beaucoup! Ai recommencé à développer les films il y a 4ans (je scanne les négatifs)

Nikolaz
Nikolaz
7 mois il y a

Presque 8 ans après votre article, je viens expliquer mes propres motifs de passage à l’argentique. Evidemment, le numérique est pratique et performant. Cependant, quand je regarde les photos des années 30 qui ne sont parvenues, je réalise que la conservation des photographies numériques implique le souci permanent de la recopie, de l’abonnement à un cloud (et comment le transférerai-je à mes enfants) ou de l’investissement dans un NAS. Je ne veux plus gérer cela (une forme de fatigue numérique).
Cet allègement de l’esprit vaut bien un petit renoncement technologique.

Lorenzato
Lorenzato
6 mois il y a

Numérique vs argentique ? gros débats qui n’en sont pas car deux approches différentes, avec des passerelles. L’argentique (la « photographie ») apporte surtout le caractère factuel de la scène enregistrée alors que le numérique (la « numérigraphie ») tutoie l’irréel du fait de ses manipulations technologiques. Ce n’est ni un défaut, ni une qualité, juste une différence.
En ce qui me concerne, je n’utilise pas la « numérigraphie », ayant l’impression de ne rien posséder, de toujours rester dans la pensée, dans le virtuel. Mes propositions photographiques sont préméditées, construites, ce sont des moments orchestrés et la photographie intervient là comme preuve. En revanche, le numérique me permet des échanges, des partages aisés par-delà les frontières, bien que je n’envisage pas une finalité autre qu’un tirage argentique pour mes clichés – aux dimensions appropriées au sujet traité.
L.

Lorenzato
Lorenzato
6 mois il y a
Répondre à  Alain

Tout d’abord, merci à vous pour la qualité de votre blogue… ce qui m’a donné l’envie de cet échange.

Comme vous, la place me manque pour l’installation d’une chambre noire, je ne peux donc faire mes tirages et les sous-traiter reflète un certain coût mais surtout, il est difficile de transmettre ses exigences à un tireur. C’est à ce moment où, pour malgré tout communiquer mes propositions, je numérise, mais cela ne représente absolument pas la finalité de mon propos.

En revanche, je ne peux vous suivre lorsque vous écrivez « […] peu importe […] le procédé ». Si une préoccupation plastique est sincère et véritable en s’adressant à un lecteur pertinent, la forme se doit de suppléer le fond en un ensemble cohérent. Créer une image « photographique » en numérique ou en argentique est totalement différent ; étant donné le caractère factuel avec l’argentique et le côté virtuel, artificiel, du numérique. Le premier s’approche de l’abstraction (ôter une partie d’un tout) alors que le second accumule une transformation (adjonction ou soustraction). Le premier touche la sculpture, le second s’approche du dessin, de la peinture.
Il est même possible d’ajouter une quatrième dimension à une photographie (le spatio-temporel) alors que la « numérigraphie » s’y prête mal, voire pas du tout.

Désolé, pas de site, trop énergivore pour moi.

Lorenzato
Lorenzato
5 mois il y a
Répondre à  Alain

Bonjour et désolé pour ce « retard », je n’avais pas vu votre réponse. (Je n’ai pas dû cocher toutes les cases pour un suivi.)

Pas de publication Internet mais dans la mesure où vous avez mon adresse électronique, je peux vous envoyer deux-trois choses pour le plaisir (mais sans doute pas « des merveilles » :-))).

Si je publie cet échange, c’est dans l’espoir qu’il éveille d’autres autrices, auteurs à la richesse de la photographie qui, trop fréquemment, se cachent derrière la technique.
Le choix d’un procédé, d’un format – et même d’un système de visée – n’est pas anodin et doit se faire entendre sur le résultat escompté.

Pour la découverte, des artistes en rapport avec la photographie : Martha Wilson, Francesca Woodman, Christian Boltanski, Wiliam Wegman, Guido Guidi, Lewis Baltz, Michel Journiac, Paul-Armand Gette, Robert Cumming…