Last updated on 13 août 2019
L’atypique capteur Foveon.
Je ne suis pas un fervent admirateur des tests d’appareils photos. Ok, bien sûr, j’en lis quelques-uns par année, afin de me rendre compte de l’évolution des appareils selon les marques.
Ces différents noms de la photo proposent souvent des appareils bien conçus, de plus en plus légers et performants. Leurs menus s’étoffent, les performances s’élèvent, jusqu’à des seuils parfois peut-être un peu farfelus, voire exagérés, dont personne finalement n’est content…
Dans ce monde de débauche technologique du meilleur en tout, certains ont décidé d’innover ou d’être différents des autres.
C’est là ou Sigma (mais aussi Leica par sa prise de vue au télémètre ou leur capteur monochrome) se démarque des autres. Décidant de ne pas céder à la copie, mais d’être différent.
Mais alors, qu’est-ce que le Foveon?
C’est un peu compliqué, je vous laisserais regarder tout ça en allant sur le site de Sigma, possesseur de la marque Foveon.
Mais en gros, c’est un capteur à plusieurs couches n’utilisant pas un filtre de Bayer, mais captant les trois couleurs primaires. Finalement, le foveon est le seul capteur d’image direct au monde permettant de capter toutes les nuances de chaque couleur primaire.
Cette technologie permet d’obtenir cette qualité d’image particulièrement consistante, qui se caractérise par la richesse des tonalités et des nuances, et par une texture qu’aucun autre capteur ne peut ne serait-ce qu’approcher.
Malheureusement, cette façon de procéder à ses inconvénients et nécessite de travailler à des sensibilités très faibles. Le bruit montant très rapidement, il sera difficile d’utiliser des valeurs plus hautes que 400 iso voir 800 dans les cas extrêmes… l’idéal étant entre 100 et 200 isos.
Pour la couleur, j’ai remarqué une petite dominance bleue, probablement due au capteur le plus fourni des 3 couleurs en pixels, mais sans trop grande conséquence sur les images. Les couleurs à basse sensibilité sont juste géniales (à mon goût, et je suis très difficile!). Le rendu un peu froid pourra, à son goût, être légèrement rehaussé.
On réservera donc ses appareils à des sujets lents, immobiles ou voir utilisés avec des objectifs très lumineux, la gamme SD pouvant accepter, les objectifs de la marque créée pour elle . Les objectifs ART de Sigma utilisent d’ailleurs comme référence de test, le capteur Foveon.
(Dans le cas de la gamme SD a objectif interchangeable, il vous sera malheureusement impossible d’y mettre votre optique leica ou Canon. Le tirage étant très long pour la gamme Sigma… dommage! Il reste des aventuriers des modifications de lentilles qui y arrivent. En cherchant, on trouve quelques merveilles.)
Le capteur est aussi assez sensible aux hautes lumières, il les encaisse assez bien, mais attention aux nuages ou ciel un peu brumeux. Une option dans le soft dédier permettra de rattraper assez facilement ses hautes lumières ou remonter les basses lumières via un curseur. Mais faites très attention! ça brule très vite! N’hésitez pas à exposer le plus possible à droite quitte à remonter les ombres, ou alors faites du bracketing sur plusieurs IL, cela marche très bien si vous maîtrisez ne serait-ce qu’un peu les calques de fusion.
(L’achat de filtres dégradés neutres est, je pense, à mettre au budget pour ce Foveon quattro, mais on peut s’en passer si on expose juste 😉 ou qu’on utilise le bracketing… )
L’appareil en lui-même….
Bon alors la aussi ca de complique :-), le capteur Foveon est décliné en plusieurs modèles.On va dire…
– le réflex gamme SD (aps-c)
– Le compact, gamme DP (aps-c)
– Le mirrorless, SD quatre (aps-c et aps-h)
J’ai pu tester et je teste encore le fabuleux DP0 quattro. (Attention… quand je dis test c’est test à mon niveau 😉 pas de mire machin, etc. On est d’accord.)
Ce compact (compact… gros gros compact) est un aps-c de 19 millions de pixels. OK, ce n’est pas des masses, mais le foveon dispose d’un argument. On additionne les couches et ceci pour parvenir à une résolution pour un 19 mégapixels de 39 mégapixels et des textures reproduites impeccablement.
Autant dire que la première fois que vous ouvrirez un fichier X3F (de plus sur un écran Retina) se sera la grosse claque !
L’objectif du DP0 quattro est un 14mm f4. Une lentille crée pour le capteur du DP0 offrant une qualité d’image dès la pleine ouverture de qualité impressionnante. Pratiquement pas de distorsion, piqué sans compromis, légère.
On regrettera néanmoins l’ouverture de F4 sur le DP0Q qui pour le capteur Foveon obligera l’utilisateur à utiliser un trépied dès que la luminosité baissera un peu. (Le flou de bougé m’a d’ailleurs, au début, fait perdre pas mal d’images, on se trouve vite au 1/40…). Peut-être que le prochain DP0 quattro profitera de la nouvelle optique Art ouvrant maintenant à f1.8… Sigma si vous m’entendez ?
Attention, la bague de mise au point est très très très fluide !
La prise en main du boîtier n’est pas très agréable à une main même si le boîtier est « petit » et léger.
On sent tout de même que le boîtier a été pensé pour l’utiliser à deux. J’ai trouvé les menus bien pensés. Les deux molettes sont faciles à trouver des doigts.
Sachez tout de même que le boîtier n’est pas tropicalisé, c’est dommage pour un boîtier destiné avant tout aux images de paysages 😉
Le manque d’un viseur intégré est un réellement dommage, il vous faudra mettre la main à la poche pour avoir le viseur optique style Leica (450.- tout de même…) ou le pseudo viseur horrible venant se clipper sauvagement sur l’écran (moins cher, mais pas terrible).
Personnellement, mon choix ira probablement vers l’optique qui a l’avantage de pouvoir composer son image sans énergie consommée et même composer sans appareil du tout, juste le viseur en main et les yeux dedans ;-). Et pour faire du repérage, c’est génial! Sachez qu’il n’est pas forcément utile de les avoir tous… j’ai remarqué que celui du Dp1 allait aussi pour le DP0 et le Dp2 une fois qu’on a pris des repères ;-). Dommage qu’a ce prix, le viseur optique n’ai pas une confirmation de mise au point et un retour du diaphragme et de la vitesse ;-). L’idéal serait d’avoir un EVF.
En plein soleil sans ses accessoires… ce n’est pas forcément facile, certaine fois on ne voit plus rien… c’est vraiment dommage.
Pour la batterie, deux sont livrées… Hé oui, elle consomme cette bête 😉 !Surtout si comme moi, vous adorez chercher le bon angle ou le bon moment.
Gros points positifs pour moi, la petite trappe de l’accu et la trappe (bof ça c’est un peu moyen) caoutchouc de l’accès à la carte mémoire sont accessible lors de l’utilisation du trépied… ouf… car certains n’on pas encore compris…
L’af… bon avec un 14, l’infini fera amplement le boulot… mais autrement, étonnamment, ça accroche pas trop mal… mon x100t n’était pas beaucoup mieux ;-). On peut facilement travailler en hyperfocale, la règle venant s’inscrire à l’écran via une simple pression.
Un petit niveau aide à la composition de l’image.
Je mettrais en avant aussi les modes de recadrage bien pratique comme le 21/9 ou le 16/9 qui permettent de faire de beau panoramique facilement. La qualité d’image étant parfaite et très définie, il sera ,malgré le recadrage, facilement possible de réaliser un beau tirage.
Panorama manuel.
Comme d’habitude, je vous donne quelques infos comme la pupille d’entrée
Pour les passionnés de photographie panoramique par assemblage. Sachez que pour un panorama sphérique, il vous faudra faire 3 rangs d’environ 11 images (11/11/11 ) et pour un cylindrique 11 images… Reste que l’ordinateur devra être puissant ! Surtout en Tiff!
J’ai pu faire mon panorama avec le réglage de 83mm entre la vis de trépied et la pupille d’entrée. Le RMS était de 2.73 pour le sphérique. Pas mal pour un réglage à la sauvette 😉
Faire une visite au Foveon… ce n’est pas banal! 😉
Mais comme j’adore le panorama par assemblage, je ferais aussi un récapitulatif de tous les réglages pour la pupille d’entrée afin de les utiliser dans de volumineux panoramas par assemblage que se soit plat, sphérique et de méthode Brenizer!
D’ailleurs voici les premières côtes pour placer vos DP’s quattro correctement afin d’éviter les erreurs de parallaxes:
Dp0 quattro 83mm, Dp1 quattro 40mm, Dp2 quattro 32mm et Dp3 quattro 42mm
Avec le Dp3, la focale commence être assez longue pour que le réglage ne soit plus vraiment une histoire de mm 😉
Pour vous donner une idée de la résolution possible avec un foveon, je vais essayer d’insérer des images en pleine résolution via des tuiles. Comme ici: http://www.visionlarge.ch/QVTR/quattro.html
Le Dp0 quattro m’a permis de réaliser un sphérique (info bulle ou visite virtuelle) en 3 rangs d’images. Reste que le processus et lent et vous demandera de la patience. Mais la qualité d’image est juste bluffante! Surtout pour ce genre d’image! Je les insèrerai bientôt dans le blog, patience. 😉
Conclusion.
Finalement, ce n’est pas un foudre de guerre ni un champion des isos. Son ergonomie n’est pas parfaite non plus.
Ils manquent cruellement d’un viseur optique ou (je n’aime pas dire ça) numérique afin déjà de s’isoler et rentrer dans la composition. Et aussi un écran à pivot, car en paysage sur trépied c’est bien pratique de ne pas devoir se baisser 😉
On ne les mettra pas certes dans sa poche comme la version Merril de son prédécesseur ou comme un vrai compact.
Le Dp0q a une vision très large, 21mm tous les jours ce n’est pas vraiment facile à gérer et je pense qu’en cas d’achat j’hésiterais avec le Dp1 (équivalent 28mm) ou le dp2 (équivalent 45mm) ayant des optiques moins larges et utilisables dans plus de situations. L’idéal aurait été un équivalent 35…
C’est un appareil traduisant parfaitement ce que j’aime.
Un rendu différent, une qualité optique indéniable, un capteur exceptionnel entre 100 et 200 iso, un monochrome juste bluffant.
C’est un appareil complètement atypique, déstabilisant, mais incroyable avec lequel il vous faudra prendre le temps. Mais quel plaisir!
+++Les plus
– Qualité d’image hallucinante!!! en bas Iso
– Qualité optique impressionnante dès la pleine ouverture et piqué phénoménal.
– Poids relativement léger.
—– Les moins
– Manque clairement un viseur oled
– AF de première génération
– Batterie très limite (mais ils en livrent 2!)
– Gros problème d’énorme flaire lorsque soleil de face (j’ai tout essayé, pas moyen…)
– Lent.
Rappel: Les images sont protégées, elles ne sont pas libres de droits. Merci de respecter les droits d’auteurs! ® All rights reserved (Alain Bovard Photographie, Yverdon)
Reminder: Images are protected, they are not free of rights. Thank you to respect the copyright! All rights reserved ® (Alain Bovard Photography, Yverdon)
Article très intéressant. Je vais m’acheter un DP2 Quattro et si la sauce prends, j’essayerai de trouver un DP1 Quattro afin de travailler dans mes focales favorites.
La bonne nouvelle avec le série Quattro (SD et DP) est la possibilité de shooter en RAW DNG.
Format nettement plus simple à traiter dans des logiciels comme Capture One Pro ou Lightroom.
Le logiciel Sigma étant d’une lenteur incroyable.
Aventure à suivre et bravo pour les belles photos.
Personnellement, j’ai trouvé que travailler en DNG n’avait pas la même latitude de traitement que le RAW.
Travailler en RAW est certe lent mais c’est vraiment dans ce format que l’appareil donne tout son potentiel.
Perso, l’idéal est de faire un près tri sur l’appareil… c’est tout ça de fait. Puis éventuellement d’utiliser le logiciel de l’appareil pour avoir un premier avis sur l’écran et après travailler les quelques unes que tu as sélectionné.
Après l’appareil a un rendu unique, on a l’impression de travailler un peu à l’argentique dans un monde numérique 😉
Merci du passage !